un film écrit et réalisé par
&
L’histoire de la lutte contre l’Apartheid ne retient qu’un seul homme : Nelson Mandela. Il aurait eu cent ans cette année.
Il s’est révélé au cours d’un procès historique en 1963 et 1964.
Sur le banc des accusés, huit de ses camarades de lutte risquaient aussi la peine de mort. Face à un procureur zélé, ils décident ensemble de transformer leur procès en tribune contre l’Apartheid.
Les archives sonores des audiences, récemment exhumées, permettent de revivre au plus près ce bras de fer.
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novembre
vendredi 2
Aubervilliers
rencontre avec Gilles Porte
novembre
Mercredi 7
Ivry
rencontre avec Gilles Porte
novembre
jeu 8
Sceaux
rencontre avec Nicolas Champeaux et Gilles Porte
novembre
Vendredi 9
Pontault combat
rencontre avec Gilles Porte
novembre
Sam 17
Amsterdam
rencontre avec Gilles Porte et Oerd
novembre
vend 23
Ciné bus Savoie
rencontre avec Gilles Porte
novembre
jeu 29
Ville fontaine
rencontre avec Gilles Porte
novembre
vend 30
Feurs (42)
rencontre avec Gilles Porte
L’Obs
Un petit bijou
Achille Mbembe : "En Afrique du Sud, certains veulent se débarrasser de la suprématie blanche"
Brut
Andrew Mlangeni
Ils étaient huit militants anti-apartheid à être condamné à vie aux côtés de Nelson Mandela.
Slate
Du bon usage de l’animation documentaire
Le procès contre Mandela et les autres et 6 Portraits XL, deux films pour toucher le réel
Télérama
un documentaire remarquable d’intelligence et d’émotion
Le procès contre Mandela et les autres
Variety
Unexpectedly fresh
Film Review : ‘The State Against Mandela and the Others’
The Hollywood Reporter
heartfelt, humane and visulaly inventive
The State Against Mandela and the Others : Film Review - Cannes 2018
L’Humanité
Une œuvre artistique et politique de premier plan
Des images d’un procès qui n’a pas été filmé
Première
Evénement
Le Procès contre Mandela et les autres : "Il y a tout dans ce procès, les traîtres, les héros, le juge, les retournements..."
L’émotion est grande
Le Procès contre Mandela et les autres
Libération
Qu’est-ce qu’un héros ?
Mandela, porte-voix anti-apartheid
AFC
Cinéma rare
Nicolas Champeaux et Gilles Porte, AFC, parlent de The State Against Nelson Mandela and the Others
Le Figaro
Eloquent
Le Procès contre Mandela et les autres : Accusés, levez-vous !
L’Expresse
Un procès extraordinaire pour un film qui l’est également
Le procès contre Mandela et les autres
JDD
Une magnifique leçon de courage
Le procès contre Mandela et les autres
Le Parisien
Bouleversant
Le Procès contre Mandela et les autres : quand le docu s’anime
La Vie
Un puissant récit de résistance
Le Procès contre Mandela et les autres
Le Petit Bulletin (Grenoble)
Quand l’art et l’inventivité viennent en soutien au propos historique
Le procès contre Mandela et les autres : les voix de la liberté
Nicolas Champeaux
: Le procès avait été enregistré sur un support vinyle analogique, les dictabelts : un vinyle souple qu’on peut plier, qu’on enroule autour d’un cylindre et que l’on lit avec un diamant comme pour un tourne-disque. La British Library avait tenté de les numériser en 2000 en s’attaquant au discours de Mandela, mais l’expérience n’avait pas été concluante.
Gilles Porte
: Alors les archives sont retournées crouler sous la poussière en Afrique du sud jusqu’à ce que des français leur fassent part de l’invention de l’archéophone : une machine qui permet justement de numériser les dictabelts sans les détériorer.
N.C.
L’inventeur de l’archéophone, Henri Chamoux, a écouté l’intégralité des 256 heures du procès pour les numériser il a tout de suite été frappé par la bravoure de certains des co-accusés de Mandela, en particulier par Ahmed Kathrada que j’avais interviewé plusieurs fois lorsque j’étais envoyé spécial permanent pour RFI à Johannesburg. Il a retrouvé mes interviews [1] [2] sur le net et m’a contacté. J’ai foncé ! J’ai alors écouté deux fichiers de trente minutes, et j’ai tout de suite compris que c’était une mine. J’étais bouleversé par ce que j’entendais – la qualité sonore, et l’émotion qui se dégageait. L’un des co-accusés, pourtant menacé de la peine de mort, rendait coup pour coup au procureur. Il ne recherchait en rien une relaxe ou une peine plus douce. Non, il voulait faire le procès de l’Apartheid, au risque d’aggraver son cas. J’ai voulu que ces voix résonnent, que tout le monde puisse entendre leur histoire. Je pensais : « Qui prend ce type de risque au nom d’une cause aujourd’hui ? ». J’ai tout de suite décidé d’en faire un film.
N.C.
Et c’est pour cette raison que j’ai approché William Jéhannin, un ami, qui est devenu notre producteur. William m’a présenté ensuite Gilles Porte, parce que je souhaitais faire équipe avec un cinéaste expérimenté.
G.P.
Pour être honnête, lorsque je rencontre Nicolas, en novembre 2016, j’ignore tout de ce procès. Notamment que d’autres co-accusés avaient été condamnés avec Mandela à la prison à vie. La première question que je pose à Nicolas est : « Est-ce qu’il y a des survivants ? ». « Trois ! » me répond-il et il les appelle aussitôt avec son téléphone, un par un. En raccrochant, il me dit qu’il y a aussi deux avocats de la défense encore vivants, dont l’avocat de Nelson Mandela. Tous ces hommes ont entre 87 et 93 ans. Je dis à Nicolas : « On n’a pas le choix, il faut qu’on parte tout de suite ».
G.P.
Non, rien. Mais j’avais déjà fait des documentaires un peu « roots ». Cela ne m’affolait pas.
N.C.
William Jéhannin, nous a suivis, avec sa société UFO. Il a pris les risques d’avancer tous les frais pour un premier voyage.
G.P.
Pour les entretiens, j’ai repris la même toile de fond que j’avais utilisée pour filmer des enfants qui ne savaient ni lire ni écrire lors de ma démarche Portraits/Autoportraits [3]. Cette toile, gris ardoise, avait permis de mettre en avant des gestes d’enfants. Elle allait désormais nous aider à recueillir des paroles et des regards d’hommes d’exception, tous nonagénaires.
N.C.
Devant cette toile, les survivants écoutent pour la première fois de leur vie, casque audio sur la tête, leurs affrontements avec le procureur cinquante-sept ans plus tôt.
G.P.
Grâce à ce dispositif, nos témoins se sont retrouvés en immersion totale. Cela a contribué à libérer leur parole. Ils nous ont confié des choses intimes et souvent bouleversantes. Ces hommes n’avaient pas l’habitude de parler d’eux. Ils avaient toujours fait le choix de se mettre en retrait et on les a toujours interrogés sur Nelson Mandela. Au fond, pour la première fois, ils livraient des choses très personnelles, et d’autant plus facilement que Nicolas connaissait parfaitement leurs histoires.
G.P.
Il n’existe aucune image filmée de ce procès mais lorsque nous nous rencontrons, Nicolas me montre des croquis que la femme d’un des accusés avait fait alors qu’elle assistait aux audiences. Très vite, le recours à des animations 2D s’impose à nous. Les procès ne peuvent être filmés encore aujourd’hui mais ils peuvent être dessinés ! Je présente alors Nicolas à Oerd, un graphiste avec qui j’ai déjà travaillé et dont j’admire le travail.
N.C.
Le travail personnel d’Oerd a toujours le son comme point de départ, et c’est exactement ce que l’on recherchait. La commande était compliquée : Oerd devait dessiner quelque chose d’extraordinaire à l’écran sans jamais entrer en rivalité avec le son. Oerd aussi a de l’humour, des idées artistiques amusantes et il était important de ménager des moments légers dans le film, des bulles de respiration. Bref, il cochait toutes les cases avec en plus un univers personnel unique. Et les politiques de l’Apartheid, qui consistaient à séparer des gens en fonction de leur couleur de peau, se prêtent bien au dessin : du noir, du blanc, et un trait entre les deux, et il a su s’en inspirer.
G.P.
Les animations d’Oerd devaient toujours veiller à favoriser l’écoute des archives sonores. Il l’a tout de suite compris. Oerd était exactement le trait d’union dont Nicolas et moi avions besoin.
N.C.
Je savais qu’Oerd allait bien s’entendre avec le compositeur Aurélien Chouzenoux, un ami d’enfance issu du spectacle vivant. Il me semblait mieux convenir au projet qu’un compositeur rompu à la musique de films. Oerd et Aurélien ont été associés au projet dès le départ. Nous avons fait un promoreel du film avec eux, et avec notre monteuse, Alexandra Strauss qui avait monté précédemment le très beau film de Raoul Peck I am not your negro.
G.P.
Nicolas et moi avons toujours souhaité travailler d’une manière artisanale. Oerd, Aurélien et Alexandra correspondaient parfaitement à cette équation !
N.C.
La société de production Rouge International, qui nous a rejoint dans un deuxième temps, a adhéré totalement à cette manière de procéder. La productrice Julie Gayet, je crois, était aussi sensible d’un point de vue affectif au sujet du film.
N.C.
L’accusation a du lourd contre eux, ils risquent la pendaison.
N.C.
Oui, et en fait, le gouvernement apartheid s’est tiré une balle dans le pied. L’un des principes de l’Apartheid avait toujours été de diviser pour mieux régner. Les blancs avaient le pouvoir. Mais les Métis et les Indiens souffraient moins que les noirs, ils bénéficiaient de dérogations et avaient parfois des traitements privilégiés. Même en prison, les Indiens et les Métis avaient une plus grande ration que les noirs, et ils avaient droit à un pantalon, les noirs eux avaient un bermuda, c’était volontairement dévalorisant, car c’était une tenue d’enfant. En mettant sur le même banc des Noirs, des Blancs et un Indien, le gouvernement entérinait d’une certaine façon le caractère multiracial du mouvement anti-Apartheid.
N.C.
Alors que la peine de mort leur pend au nez, ils choisissent de reprendre la main en faisant le procès de l’Apartheid. Avant le procès, ils étaient contraints à vivre dans la clandestinité, leurs organisations politiques étaient interdites, et voilà que, depuis leur fauteuil d’accusé, ils ont enfin un public : des reporters, des diplomates qui pourront porter leur parole.
G.P.
Même s’il n’a jamais été question pour nous de déboulonner la statue, il nous paraissait primordial de rendre leur place aux membres du collectif, à commencer par l’accusé numéro 2, Walter Sisulu.
N.C.
Comme le dit l’avocat George Bizos, Sisulu était l’éminence grise de l’ANC. Il connaissait par cœur l’histoire du mouvement et était très proche des habitants du « township » de Soweto. Mandela a été mis en avant par le collectif parce qu’il était brillant, bien sûr, mais aussi car il était issu d’une lignée royale, qu’il était un formidable orateur et l’un des rares Noirs à être devenu avocat. Sisulu, lui, n’avait que son certificat d’études.
G.P.
L’ANC était vraiment un mouvement collectif et c’est au nom du collectif qu’ils choisissent Mandela afin qu’un homme puisse incarner aux yeux du monde entier leur lutte. Chaque mot du discours historique de Mandela lors de ce procès était connu des accusés.
G.P.
Jérémy Pouilloux, producteur à la Générale de Production, à qui nous avions parlé de toute cette aventure, nous a proposé de réfléchir à un film en réalité virtuelle à faire avec ARTE, partenaire du film cinéma et chaîne habituée aux narrations innovantes.
N.C.
Pour nous, c’était un moyen de parler de Sisulu de manière spécifique, et de s’adresser à des publics différents, plus jeunes et férus de nouvelles technologies.
N.C.
Les films en réalité virtuelle que j’avais vu me paraissaient intéressants mais assez expérimentaux. Sensationnels. Nous avions envie de raconter une histoire.
G.P.
Les sources sonores sont la première richesse du film. Associées aux dessins d’Oerd, mais cette fois à 360°, nous étions convaincus que nous avions les moyens de rapprocher encore le public de l’Histoire, par l’émotion.
G.P.
Elle l’est d’autant plus qu’elle donne un éclairage sur la politique de Mandela. Ahmed Kathrada était un disciple de Gandhi : la politique de résilience de Mandela ne vient pas de nulle part.
G.P.
Elle m’évoque celle des migrants que je croise quotidiennement Porte de la Chapelle. Je suis frappé par la résonance avec ce qui se passe aujourd’hui en Europe.
N.C.
Elle dit la cruauté suprême qui consiste à empêcher les hommes d’être ensemble, une cruauté que l’on croit toujours derrière nous mais qui ressurgit régulièrement.
N.C.
Une fois de plus, c’est vraiment l’Apartheid qui l’a conforté dans son rôle de leader. L’intitulé officiel du procès est : « L’État contre Nelson Mandela et les autres » : le gouvernement sud- africain énonce son nom sans citer ceux des autres. Par la suite, on interdit à quiconque de posséder une photo de lui sous peine d’une amende et d’une peine de prison. L’apartheid a contribué à façonner l’icône.
G.P.
Pourquoi cet engouement pour Mandela ? Cette question dépasse largement le cadre de l’Afrique du Sud... Tout comme Gandhi, Martin Luther King, Elie Wiesel, Stéphane Hessel, Nelson Mandela guide des générations dans un monde où il ne sera jamais bon d’accepter l’intolérable. Maintenant, soyons honnêtes, Nelson Mandela et les autres se sont engagés sur une route où leurs vies personnelles étaient secondaires par rapport à la cause qu’ils défendaient... Qu’aurions nous fait à leur place ? Combien de Jean Moulin dans la France de 1940 ? The State Against Mandela And The Others évoque les notions d’engagement, de résistance, de résilience, d’indignation... Des notions qui font particulièrement sens dans une société qui devient chaque jour un peu plus individualiste.
N.C.
Le sabotage constituait un énorme pas pour l’ANC, un mouvement historiquement non violent. Mais compte tenu de la cruauté du régime, la base ne supportait plus cette position. Mais il s’agissait de ne pas insulter l’avenir : poser des bombes la nuit à deux heures du matin ne risquait pas de monter tous les Blancs contre l’organisation. De cette façon, l’ANC ne renonçait pas au projet d’une Afrique du Sud arc-en–ciel où tout le monde vivrait ensemble. C’était très réfléchi et très méthodique. L’ANC s’est montrée très patiente.
N.C.
C’est comme un film hollywoodien. On a tous les personnages : Percy Yutar, le procureur raciste, zélé et agressif, dans le rôle du méchant, Quartus de Wet, le juge, un peu blasé, dont on peine à deviner ce qu’il pense et qui contribue au suspense, et les traitres, les accusés, extrêmement courageux, les avocats...
G.P.
Il y a aussi la gent féminine... J’ignorais, avant de faire ce film, à quel point les femmes avaient eu un rôle essentiel dans la lutte contre le régime de l’Apartheid. Dans notre film, comme dans n’importe quel film hollywoodien, il y a des histoires d’amour incroyables. Merci à certaines d’entre elles d’avoir bien voulu témoigner au milieu de notre histoire de « tontons flingueurs » !
N.C.
Il était crucial d’avoir les épouses et les enfants des accusés. Car lorsque l’on prend des risques et que l’on se sacrifie, ce sont les familles qui souffrent le plus, et elles nous l’ont dit. Les accusés, des hommes très humbles, ont tendance à éviter le sujet de la souffrance et le caractère héroïque de leurs choix, car ils étaient totalement dévoués à leur cause. Pour eux, tout semble naturel, c’est l’objectif qui prime, le reste, ce ne sont que des dégâts collatéraux, c’est tout du moins ce qu’ils ont essayé de nous faire croire...
N.C.
Avec une telle matière, il était inutile d’aller chercher des artifices. Cela nous a conduits à un postulat d’une grande sobriété qui correspond à l’extraordinaire dignité de nos personnages principaux.
G.P.
Pour paraphraser Michel Audiard, je dirais : « Quand des types qui ont fait vingt-six ans de prison uniquement pour que des gens de couleurs puissent avoir les mêmes droits que des blancs, ceux qui ont grandi dans une démocratie les écoutent. »
Nicolas Champeaux & Gilles Porte
contact@leprocescontremandelaetlesautres-lefilm.fr